HISTOIRE DU BLUES #1

Les africains en Amérique

Il est impossible d'évoquer l'histoire d'une musique afro-américaine sans parler de l'esclavage.

Cela commence au

XVI ème siècle (le premier esclave noir aux Amériques est débarqué en 1519). 

Les européens emmenaient des produits manufacturés pour les échanger contre les esclaves qu'ils allaient chercher sur les côtes africaines (l'esclavage en Afrique était très courant).

Puis on emmenait la nouvelle marchandise aux Amériques d'où on pouvait revenir avec de la matière première (en échange des esclaves): c'est le commerce triangulaire.

Une fois vendus, les esclaves étaient séparés de leur de sa tribu, de leur famille et on leur interdisait l'usage des tambours, considéré comme moyen de communication (sauf en Louisiane): l'esclave doit se sentir égaré, de cette façon il est plus apte à la servitude...

 

Dans les colonies anglaises qui fondèrent les Etats Unis les premiers noirs ont été embauchés sous contrat, et progressivement, par nécessité et aussi en vertu du vide juridique à propos de leur statut, ils seraient devenus des biens possédés par un maître qui les exploite comme bon lui semble et s'octroie aussi le droit de faire justice.

Les grands propriétaires du sud considéraient l'abolition de l'esclavage comme une menace d'un système économique qui leur semblait irremplaçable, alors qu'au Nord on l'avait aboli depuis 1777.

 

Un seul instrument importé d'Afrique sera adopté par toute l'Amérique: le banjo ( connu dans diverses régions d'Afrique sous les noms de sanko, banjar, banjaw, banza, hoddu, bania...).

Exemples ici.

 

Pendant plus de 200 ans le noir esclave va faire partie de la société américaine. Ses moeurs et coutumes vont déclencher indignations et éclats de rire ("minstrels shows", "coon song"), mais aussi quelques curiosités ethno musicologiques, dont voici quelques exemples:

Les manifestations musicales de cette population durant cette période se sont limitées aux "pinksters" (fête de la pentecôte pendant laquelle les noirs étaient autorisés à jouer leur musique et à danser), aux "work songs", et "field hollers" puis à une imitation de ce qu'appréciaient les maîtres blancs (pour s'attirer les faveurs des maîtres et les faire danser ou s'en moquer: le "cake walk" par exemple), et à travers une appropriation des pratiques religieuses, la mise en place d'un répertoire vocal spécifique ("spirituals, "gospel").

La pratique musicale était appréciée des maîtres blancs qui l'encourageaient et certains esclaves feront études et carrière musicales. Le talent musical des sujets était d'ailleurs un argument de vente pour les esclavagistes.

Malgré tout ce qui peut nous sembler révoltant,  cette période de l’esclavage permettait aux noirs de bénéficier (parfois) de la condescendance des maîtres blancs et les deux cultures noires et blanches pouvaient cohabiter; c'est de cette cohabitation que naîtront le blues et le jazz.

 

Après la guerre de sécession en 1865 ce sont 4 441 830 noirs qui seront affranchis, dont 92% au sud. Il est devenu juridiquement possible pour un noir d’occuper des postes à responsabilité (sénateurs noirs en Louisiane, en Caroline du Sud, dans le Mississipi). La population blanche s'en inquiète:

« Est il raisonnable de penser que 4 millions d’esclaves qui viennent de passer de la servitude à la liberté possèdent les qualifications nécessaires qui leur donnent titre aux privilèges et immunités des citoyens américains ? »

Andrew JOHNSON successeur de Lincoln.

 

Alors va s’installer la ségrégation beaucoup plus dangereuse pour la population noire, les blancs tentant de barrer la route à ce mouvement d’émancipation.

Chaque état est libre d'accorder le droit de vote à sa population noire et d'établir un code de séparation des races

« sous réserve qu’elles se voient offertes des commodités égales… » (1877)

 

Frederick DOUGLAS, Booker T. WASHINGTON, W.E.B. DUBOIS vont incarner le début de la lutte pour les droits civiques, et le N.A.A.C.P. est fondé en 1905.

Emissions de la chaine "Toute l'Histoire"

L'esclavage dans l'histoire des Etats-Unis I

L'esclavage dans l'histoire des Etats-Unis III

L'esclavage dans l'histoire des Etats-Unis II

L'esclavage dans l'histoire des Etats-Unis IV


Quelques éléments

Au XVIIème siècle, les treize colonies anglaises qui donneront naissance aux Etats Unis d'Amérique ont besoin de main d'œuvre.

Les espagnols avaient baptisés les africains: or un chrétien ne peut être esclave. Dans le sud agricole,  le besoin de main d'œuvre est constant. Les lois britanniques en vigueur à cette époque ne concernent pas les africains (puisqu'ils ne sont pas des sujets britanniques).

Ensuite les britanniques mettront en place le commerce d'esclaves; c'est la "traite Atlantique" (ou commerce triangulaire) : on échange en Amérique les esclaves noirs contre des produits des récoltes que l'on va ensuite revendre en Europe. Ce commerce sera interdit dès 1808.

Au XVIIIème siècle, la question des noirs aux Etats Unis est au cœur du débat politique et divise le pays.

La traite Atlantique est interdite en 1808, et un mouvement anti-esclavagiste se développe au Nord.

Dans le Sud, on considère qu'un noir ne peut pas être citoyen américain, et que l'interdiction de l'esclavage est anti constitutionnel.

Les abolitionnistes du nord aident les esclaves évadés, via les réseau de voies clandestines.

ABOLITION DE L'ESCLAVAGE

Les états du nord avaient déjà commencé à abolir l'esclavage dès 1777,  mais le sud résistait.

En 1861 éclate la Guerre de Sécession, et  l'esclavage est aboli en 1863, puis interdit en 1865 (13ème  amendement).

L'union au nord contre les confédérés au sud. Après 1863 bon nombre d'ex esclaves s'engageront dans l'armée nordiste.

SEGREGATION RACIALE

En 1876, on instaure la ségrégation raciale. Ce sont les "lois Jim Crow" qui resteront en vigueur jusqu'en 1964. Il s'agit  de maintenir la suprématie des blancs malgré l'abolition de l'esclavage. "Separate but equal" dit la loi...

Dans les états du sud le noir reste un être inférieur qu'il convient de "maintenir à sa place" en le terrorisant: lynchages, pendaisons, incendies de maisons et de récoltes...Le Klu Klux Klan apparait en 1865, après la défaire des confédérés du sud: il veut affirmer la "suprématie de la race blanche" et disparaît officiellement en 1944.

LUTTE POUR LES DROITS CIVIQUES

A partir des années 50, la ségrégation tend à disparaître: déclarée anticonstitutionelle dans les écoles en 1955, puis l'année suivante dans les transports en commun (l'affaire Rosa Parks).

Dans les années 60 le mouvement pour les droits civiques des noirs va intéresser toute la jeunesse: manifestations, sit in, etc.

Puis en 1963, ce sera la marche sur Washington pour les droits civiques, la liberté et le travail.

Le "civil right act" est signé en juillet 1964.

BLACK POWER

A la fin des années 60, la lutte pour les droits civiques se radicalise et devient agressive. La non violence prônée par Martin Luther King (assassiné en 1968) est violemment critiquée. Derrière la figure de Malcolm X, le Black Power revendique un nationalisme noir, et lutte pour la dignité raciale, l'autonomie et l'émancipation de la tutelle des blancs. Le noir américain devient "Afro américain" (Malcolm X).

En 1640, la Cour de Justice de Virginie condamne un Noir à l'esclavage, ce qui signifie que l'esclavage est une punition, pas encore une pratique courante.

En 1661 on adopte les premiers "codes noirs" qui officialisent l'esclavage.

1781: la loi autorise les navires négriers à se débarrasser des esclaves malades pour sauver la marchandise. Le capitaine Collingwood noie 122 esclaves pour toucher l'assurance décés.

Carte du trafic d'esclave.

Après 1790, l'exploitation des esclaves Noirs se répandit principalement dans les fermes et les plantations du Sud (culture du tabac, du coton, de l'indigo et du riz).

Une révolte d'esclaves noirs restée célébre: la rébellion de Stono.

En 1834, le Connecticut adopte la «Black Law» : elle interdit l'enseignement aux Noirs, mais surtout, elle stipule qu'un esclave qui a réussi à fuir le Sud pour venir vivre dans le Nord des États-Unis doit être remis à ses maîtres s'il est capturé. Toute personne qui accueille un esclave enfui est passible de prison.

Propriétaires en Alabama avec leur domestique qui tient le bébé de la famille dont elle est la nourrice...

Les esclaves étaient des domestiques (surtout au Nord), mais surtout des travailleurs agricoles pour le plus grand nombre, ou hommes noirs emprisonnés et travaillant pour le compte des grandes firmes de l'époque.

Plan d'un navire négrier.

Les négociants en esclaves étaient licenciés par les États et recevaient une commission légale (1 à 2 % du prix de vente).

Vers 1770, il y avait plus d'esclaves dans la colonie new-yorkaise qu'il y en avait en Géorgie (42% de la population newyorkaise possédait un esclave) et les ventes aux enchères de "Nègres" étaient presque aussi régulières que les jours de marché

Punition d'un esclave à New York.

Après l'interdiction de la traite atlantique en 1808, les planteurs du sud pratiquent ce que certains appelleront "l'élevage d'esclaves". Les esclaves fondent leurs familles. La population noire augmente considérablement, et toute la famille travaille aux plantations.

On a renvoyé le contremaître qui a fouetté cet esclave (1864).

LES "NOIRS AU SPECTACLE"

Dés le début du XIXème siècle apparaissent les "minstrels show". Il s'agit de mimer le comportement des noirs. Des comédiens blancs se noircissent le visage (ici la chanson "Jump Jim Crow" qui donnera son nom aux fameuses lois ségrégationistes).

Les "lois Jim Crow" visent à interdite toute forme de mixité sociale entre noirs et blancs, même ponctuelle et anodine. 

La promotion de l’égalité des droits est un délit sanctionné par de la prison ferme.

En 1956, en Alabama, Rosa Parks refuse de céder sa place à un blanc dans un bus, elle est arrêtée...

 

 Août 1963; 200 000 personnes sont présentes lors de la Marche sur Washington.

 

Martin Luther King à Washington en 1963 prononce son discours
"I have a dream".